Les actions des banques centrales suffiront-elles ?
Conjoncture et marchés
La lettre de GESTION PRIVEE - octobre 2019
Alors que l’économie mondiale a continué à montrer des signes de faiblesse au 3ème trimestre, les indices actions sont parvenus à se stabiliser sous l’impulsion des politiques accommodantes des banquiers centraux. Dans ce contexte, les taux ont poursuivi le chemin de la baisse pour s’installer, notamment en France et en Allemagne, en territoire largement négatif et sur des niveaux historiquement bas.
Le climat de confiance s’est en effet encore dégradé durant l’été. La poursuite de la guerre commerciale, avec la mise en place de nouvelles taxes début août tant du côté américain que chinois, a continué d’affecter le secteur manufacturier. Les productions industrielles chinoises, américaines mais aussi allemandes ont été touchées, retrouvant des plus bas depuis 10 ans. Les manifestations de Hong-Kong contre le gouvernement chinois ont, quant à elles, pénalisé les secteurs de consommation. Enfin, l’absence d’avancée concernant le Brexit reste également un facteur contrariant. Ainsi, l’OCDE a revu en baisse ses prévisions de croissance mondiale pour s’établir à 2.9% en 2019 et 3% en 2020.
Face à un risque croissant de récession, les banques centrales ont entamé les grandes manœuvres de manière concomitante. Une première baisse de taux a été décidée par la Federal Reserve fin juillet, suivie d’une seconde en septembre et, sauf accalmie sur le front de la guerre commerciale, une troisième baisse pourrait intervenir d’ici la fin de l’année. En Europe, la BCE a suivi le mouvement en annonçant une réduction de son taux sur les dépôts et en relançant un programme de rachat d’actifs à hauteur de 20 Mds d’euros par mois à compter du 1er novembre.
Ces interventions monétaires fortes et rapides, couplées à une potentielle relance budgétaire tant aux États-Unis qu’en Allemagne, éloignent le risque d’entrée en récession. Cela s’est traduit par un rebond des marchés actions en septembre, accompagné d’une importante rotation sectorielle en faveur des valeurs les plus cycliques au détriment des valeurs de croissance, et d’une légère remontée des taux souverains. Avec la reprise des discussions commerciales entre la Chine et les États-Unis mi-octobre, on ne peut exclure que de nouvelles avancées soient réalisées. Une poursuite de la dégradation des statistiques économiques américaines amenuiserait en effet le rapport de force imposé par l’administration Trump. Dans l'hypothèse d'un accord, la poursuite du mouvement haussier sur les actions est à prévoir.
Cependant, l’équilibre économique mondial demeure encore fragile, il n’est donc pas certain que ces mesures suffisent à enrayer la dégradation. Dans l’attente d’indications plus tangibles, et dans le prolongement du rebond des marchés de septembre, l’augmentation de la part de liquidités et la sélection de valeurs de qualité et de croissance sont privilégiées.
Rédigé le 11 octobre 2019