Coronavirus, une récession inévitable mais en partie intégrée ?
Conjoncture et marchés
La lettre de GESTION PRIVEE - Avril 2020
La terrible crise sanitaire que nous vivons, contraignant la moitié de la population mondiale au confinement, est bien évidemment venue bouleverser notre scénario de début d’année. Compte tenu du caractère inédit de cette pandémie, de son ampleur, et du manque de visibilité sur sa durée, il est difficile de quantifier valablement dès à présent l’impact qu’elle aura sur l’économie mondiale. La récession est inévitable, mais on en ignore encore la profondeur. Quel sera le scénario de reprise post confinement, en V ou U ou en W ? L’exemple de la Chine, berceau de la pandémie, nous montre que si l’activité redémarre dès à présent, cette reprise pourrait notamment pâtir de la récession des pays développés, éloignant ainsi le scénario en V espéré. Ainsi, certains économistes prédisent en 2020 une contraction de l’économie américaine de 2,5%, de 4% en zone Euro, et une croissance de 1,5% en Chine alors que des progressions de 1,5%, 1% et 6% étaient respectivement attendues avant l’épidémie.
Des mesures gigantesques ont cependant été mises en œuvre en un temps record tant par les banques centrales que par les gouvernements pour endiguer cette crise. Ainsi, la FED a baissé ses taux de 150 points de base, lancé un programme d’achats d’actifs illimités, ainsi que des mesures totalisant 300 Mds $ pour soutenir le crédit aux entreprises. La BCE a, de son côté, augmenté son programme d’achats d’actifs à 1 100 Mds EUR et relâché les contraintes en capital des banques pour les inciter à prêter. Au total, cela représente une hausse de la liquidité de 35% du PIB de la zone Euro. Enfin, des stimuli budgétaires se sont multipliés au cours des dernières semaines, à hauteur respective de PIB pour 8,5% aux états-Unis, 5% en Allemagne comme au Royaume-Uni, ou encore 3,5% en France. Cette grande réactivité rassure et devrait permettre d’éviter la crise de liquidité rencontrée en 2008, tout comme l’effondrement désordonné des économies. Cependant, cela conduit inévitablement à alourdir la dette des états, déjà élevée pour certains, alors que se pose dès à présent la question de la mutualisation de l'Europe.
Dans ce contexte incertain, nous avons, dans un premier temps, profité de la liquidité de nos classes d’actifs pour réduire les expositions au marché et ainsi diminuer le risque dans les portefeuilles. Bien que non immune à la baisse, notre gestion action concentrée sur les valeurs de qualité, présentant des historiques de résultats et des bilans solides, nous a permis de mieux résister que le marché dans son ensemble. Constatant l’ampleur de la correction en mars, et l’importance des mesures mises en œuvre, nous avons prudemment commencé à saisir quelques opportunités d’achat. S’il est bien entendu dangereux d’adopter une attitude trop agressive, une partie des révisions en baisse de l’activité et des bénéfices est déjà intégrée dans les cours, et certaines valorisations apparaissent attractives. Nous restons cependant convaincus qu’il est nécessaire de privilégier la qualité, la crise favorisant les titres aux bilans les plus solides.
Rédigé le 15 avril 2020