Une reprise réelle, rapide mais fragile
Conjoncture et marchés
La lettre de GESTION PRIVEE - Juillet 2020
La force et la rapidité de la reprise économique constatées depuis la fin du confinement ont été des soutiens importants pour les marchés au cours du second trimestre, avec des rebonds des indices actions allant de 15 à 20% en fonction des zones géographiques. D’abord constatée en Chine, premier pays déconfiné, l’amélioration économique s’est étendue à l'Europe et même aux États-Unis, où pourtant la situation sanitaire reste compliquée. Les plans massifs d’aides budgétaires, l’afflux de liquidités apporté par les banques centrales et l’utilisation de l’épargne forcée des particuliers accumulée pendant le confinement ont constitué des supports importants à l’économie. Ainsi, dans les pays développés, la consommation des ménages a été particulièrement forte en mai. En Allemagne, hors auto, elle a même dépassé les niveaux d’avant confinement. L'activité dans les services en Chine s'est inscrite en juin à son plus haut niveau depuis dix ans.
Ce rebond n'est cependant pas homogène d'un secteur à l’autre. L’aéronautique, l’automobile ou les activités liées au tourisme restent fortement affectées, sans visibilité. Des restructurations massives déjà annoncées, sont attendues après l’été. A l’inverse, les secteurs liés à la digitalisation, la santé, ou encore au e-commerce ont largement bénéficié de la situation. Comme souligné par Madame Lagarde, lors de la sortie de crise, l’économie aura changé, de « nouvelles industries » vont émerger. Cette pandémie semble avoir eu l’effet d’un accélérateur de tendances.
A ce stade, et après le rebond constaté qui a porté notre gestion au cours du trimestre, nous restons pragmatiques. De nouveaux plans d’aides budgétaires sont en discussion actuellement tant en Europe qu’aux États-Unis. La commission européenne va se réunir mi-juillet pour élaborer un plan de recovery de 750 Mds EUR, basé sur une mutualisation de la dette, renforçant ainsi potentiellement le fonctionnement de l’Europe. L’Allemagne et la France, à l’initiative de ce projet doivent encore convaincre les pays « frugaux » (Danemark, Pays-Bas, Suède, Autriche). Aux États-Unis, un plan de relance de 1 000 Mds $ destiné aux infrastructures pourrait être décidé.
Nous restons cependant très vigilants. En dépit de cette reprise économique, la récession mondiale sera d’ampleur en 2020, dorénavant évaluée à 4,9% par le FMI. A l’exception de la Chine (+1%), toutes les régions du monde devraient connaître une contraction de leur économie. L’extension de la pandémie constatée aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, pourrait encore venir ralentir le rythme de la reprise durant l’été. Conscients de cet équilibre encore fragile, nous gardons donc une stratégie de prises de bénéfices rapides dans nos investissements, et privilégions encore et toujours les actifs de qualité qui devraient continuer à s’apprécier dans un environnement de taux durablement bas, point sur lequel les banquiers centraux de part et d’autre de l’Atlantique se sont engagés jusqu’à fin 2022.
Rédigé le 10 juillet 2020