Un choc de croissance en 2021 en partie anticipé
Conjoncture et marchés
La lettre de GESTION PRIVEE - avril 2021
Dans le sillage de la fin d'année, les marchés financiers ont continué de s’apprécier au cours de ce premier trimestre, faisant fi des complications de la pandémie liées à l’arrivée des variants. L’approbation de plans de relance majeurs aux États-Unis et le déploiement des campagnes de vaccination au niveau mondial ont permis de revoir en hausse les prévisions de croissance pour 2021. Ils ont ainsi donné aux marchés des raisons suffisantes pour privilégier les actifs risqués, telles que les actions les plus cycliques et décotées et les obligations High Yield.
Avec 590 millions de vaccins administrés au cours du 1er trimestre, les campagnes vaccinales ont été jusqu’ici inégales, mais devraient accélérer dans les prochains mois. Aux États-Unis, 90% des adultes éligibles seront vaccinés mi-avril. En Europe, en dépit des lenteurs constatées, l’immunité collective est dorénavant attendue pour mi-juillet. Avec la victoire des démocrates au sénat américain, un plan de relance de 1 900 Mds$ destiné aux ménages et aux entreprises a été adopté en mars et sera dépensé aux deux tiers cette année, complété par un plan d’investissement pour les infrastructures de 2 250 Mds$ sur 8 ans. Enfin, les politiques monétaires sont demeurées très accommodantes, assurant que les liquidités nécessaires déployées pourront minimiser les effets de la crise. Dans ce contexte, les indicateurs économiques ont continué de s’améliorer aux États-Unis et en Europe, alors qu’en Chine ils se sont stabilisés sur des niveaux élevés. L’OCDE attend maintenant une croissance mondiale 2021 à 5,6% contre 4,2% précédemment, alors que le FMI table sur 6% contre 5,5% en janvier, tirée surtout par les États-Unis (+6,5%) et la Chine (+7,8%).
Une inflation plus soutenue est inévitablement attendue dans ce contexte et, ponctuellement, au-delà de l’objectif de 2% des banques centrales, conduisant à une remontée des taux. Ce mouvement s’est déjà enclenché, surtout aux États-Unis où le taux 10 ans s’est apprécié de 75 bps depuis le début d’année. Cette tendance n’est pas terminée selon nous, et devrait se poursuivre au 2ème trimestre où un pic d’inflation pourrait être atteint. La hausse des prix de l’énergie, des matières premières, des semi-conducteurs ou encore du fret est en effet particulièrement marquée en comparaison des niveaux 2020. Ces mouvements, qui ont déjà engendré en début d’année une importante rotation sectorielle en faveur des valeurs cycliques et décotées, au détriment des valeurs offrant de la visibilité, pourraient à nouveau créer de la volatilité.
Alors que pour profiter des opportunités offertes par cette reprise économique, nous avons jusqu’ici rééquilibré notre gestion vers des valeurs cycliques, mais toujours de qualité, en investissant par exemple dans l’industrie, la construction ou des secteurs liés à la réouverture de l’économie, nous abordons le 2ème trimestre avec plus de prudence. La valorisation actuelle du marché est plus tendue et toute nouvelle contrariante pourrait engendrer des prises de bénéfices. La révision en cours de la fiscalité américaine par l’administration Biden pourrait notamment constituer un catalyseur suffisant.
Rédigé le 16 avril 2021