Le retour de la volatilité
Conjoncture et marchés
La lettre de GESTION PRIVEE - octobre 2021
Après huit mois de hausse quasi-ininterrompue sur les marchés actions, septembre a marqué un coup d’arrêt. Le retrait progressif à venir des liquidités des banques centrales, la croissance chinoise davantage contrainte par les pénuries d’électricité et de matières premières ainsi qu’un plus grand contrôle de l’endettement laissent entrevoir un quatrième trimestre plus volatile sur les marchés.
La réunion de la banque centrale américaine de septembre a ainsi mis fin à une certaine euphorie sur les marchés. En effet, la FED a officialisé tant une perspective de réduction progressive de ses injections de liquidités dès 2021 que la fin de ses programmes d’achat d’actifs mi 2022, et les relèvements de ses taux à un horizon fin 2022 ou en 2023, l’ensemble fragilisant le marché. Cette tendance a été accentuée par de nouvelles interrogations sur la croissance chinoise. Le risque de défaut du promoteur immobilier Evergrande, aux 300 Mds $ de dettes, pourrait contraindre le pouvoir central à exiger une diminution de l’endettement de ce secteur aux multiples acteurs, impactant de fait sa dynamique de croissance alors que l’immobilier représente aujourd’hui 30% du PIB chinois.
En outre, et au niveau mondial, les pénuries de semi-conducteurs et de matières premières, tout comme les tensions persistantes dans le fret, ralentissent l’ensemble du secteur manufacturier. Le retour à une certaine normalité des chaînes d’approvisionnement étant difficilement prévisible, des incertitudes se font jour. L’inflation qui en résulte est un autre sujet de préoccupation. Anticipée jusqu’à maintenant comme temporaire en sortie de confinement, l’ampleur de celle-ci permet à présent d’envisager un caractère dorénavant plus durable, entraînant des craintes de stagflation. La BCE a d’ailleurs récemment revu en hausse ses anticipations d’inflation passant à 2,2% en 2021 et 1,7% en 2022, contre respectivement 1,9% et 1,5% précédemment.
Le scénario des marchés semble donc à première vue plus délicat pour la fin de l’année, ce qui explique la correction récente. Cependant, le pire n’est jamais certain. Du côté des politiques monétaires, nous somme convaincus que la FED agira avec beaucoup de prudence et prendra le temps nécessaire pour ajuster sa politique de manière pertinente afin de ne pas réitérer les erreurs de 2018. De son côté, la BCE serait sur le point d’étudier la faisabilité d’un nouveau programme d’achats d’actifs régulier, afin de permettre l’arrêt dans les meilleures conditions de l’actuel Programme d’achat d’urgence (PEPP). Enfin, il est important de rappeler qu’en 2020, la Banque de Chine n’a pas eu recours à des injections massives de liquidités. En cas de ralentissement plus prononcé, cette option serait certainement étudiée.
Le point crucial pour l’orientation de nos investissements reste donc la capacité des sociétés à répercuter la hausse des coûts afin de préserver leur rentabilité. La période de publications du troisième trimestre va probablement être l’épreuve de vérité, permettant une plus grande sélectivité. Le pricing power des sociétés sera donc un facteur déterminant.
Ainsi, pour aborder ce dernier trimestre, nous continuons de sélectionner les acteurs de qualité, leaders dans leur domaine et agissant dans des secteurs porteurs et en croissance.
Rédigé le 12 octobre 2021