La Lettre de Gestion Privée | Octobre 2024
Les jeux sont FED, rien ne va plus !
La Réserve fédérale américaine (FED) a mis fin à l’un de ses plus longs statut quo monétaire depuis les années 70 en baissant ses taux directeurs de 50 points de base. Un changement de cap monétaire rendu possible par le retour de l’inflation sur ses niveaux normatifs.
Nombreuses Les marchés auront en effet attendu quatorze longs mois, depuis la dernière hausse des taux directeurs en juillet 2023, pour que la banque centrale américaine opère un changement d’orientation monétaire.
Traditionnellement, la FED, comme les autres banques centrales, débute un cycle de baisse des taux en réponse à un ralentissement économique. De fait, ce sont de mauvais chiffres de l’emploi, publiés fin juillet, qui ont relancé les anticipations des investisseurs d’une politique monétaire plus accommodante. Cette dernière est devenue alors nécessaire, sans conteste, sauf à prendre le risque pour Jérôme Powell, le patron de l’institution monétaire, de devoir intervenir plus fort,
plus tard, mais trop tard !
Pour les marchés, il n’y a plus de doute, à l’instar du jeu de la roulette où le croupier indique que « les jeux sont faits » lorsqu'il n'est plus possible de miser. Le temps n’est plus à l’anticipation de cette inflexion monétaire tant désirée mais au rythme à venir des prochaines autres réductions de taux et à l’amplitude maximale cumulée de celles-ci. Si banquier central et investisseurs convergent vers un potentiel significatif d’un peu plus de 2% de baisse cumulée, l’écart d’anticipation se porte sur le délai de mise en oeuvre : 12 mois pour les marchés, 26 pour la FED !
Une différence de taille car elle correspond en fait à deux visions différentes de l’état de l’économie américaine dans les deux années à venir : l’une dégradée ayant besoin d’un stimulus fort, l’autre en léger ralentissement nécessitant un support régulier mais surtout pas un « dopage » pouvant relancer l’inflation.
Au-delà de sa locution-phrase « les jeux sont faits », le croupier rajoute « rien ne va plus » de manière à signifier aux joueurs qu’ils doivent attendre le résultat, ici l’effet sur l’économie mais aussi sur la Bourse. Depuis 1929, les baisses des taux de la FED ont provoqué un effet positif sur les marchés (S&P500 hors dividende), parfois très sensible, dans la très grande majorité des cas, douze mois après la première annonce de baisse. L’impact est plus incertain dans les 3 à 6 premiers mois selon l’intensité des premières baisses et l’état de l’économie à ce moment. Présentement, il faut avouer que les données économiques et autres enquêtes publiées se succèdent les unes avec les autres dans une certaine contradiction ces dernières semaines. Ceci explique probablement la durée inhabituelle de statu quo de la FED avec ses 14 mois d’inaction évoquée, faute de lecture claire de l’économie.
Selon nous, la FED devrait donc réduire progressivement ses taux pour, dans un premier temps, en observer les premiers effets. Car n’oublions pas que, si la FED se dit hors du jeu politique et donc des élections, elle ne peut ignorer qu’en cas de réélection de Monsieur Trump, l’application immédiate de droits de douane (Tariffs) inscrits dans son programme serait hautement inflationniste et donc militant pour une nouvelle tension monétaire. Difficile dans ce cas, pour le président de la FED, de faire un virage monétaire à 180 degrés à peine quelques mois plus tard…
C’est d’ailleurs le seul scénario historique sur l’évolution du S&P500 à douze mois qui ne soit pas disponible, car jamais produit... Alors, FED à vos jeux !
Rédigé le 9 octobre 2024