De l'inflation à la récession
Cogefi Gestion
La lettre de Gestion Privée - juillet 2022
Le premier semestre est à marquer d’une pierre noire sur les marchés. Les actions européennes et américaines affichent en effet leur plus mauvaise progression depuis 2008, concomitamment au marché obligataire qui a subi une correction historique et aux cryptomonnaies qui se sont dégonflées.
La fulgurante montée de l’inflation a été le cœur du problème, son ampleur bien supérieure aux anticipations prenant à contre-pieds les investisseurs. Le conflit ukrainien, l’embargo sur les matières premières russes et la reprise des confinements en Chine ont exacerbé la hausse des prix qui culmine à 8,6% en juin, tant aux États-Unis qu’en Europe. Face à ce constat, et aux craintes de poursuite d’emballement, les banques centrales ont dû accélérer le durcissement de leurs politiques monétaires. Ainsi, la FED a augmenté ses taux directeurs de 150 bps sur le semestre et un nouveau durcissement de même niveau est actuellement anticipé d’ici la fin de l’année. En Europe, la BCE a annoncé qu’elle démarrerait ses hausses de taux dès juillet et recourait à de nouveaux outils anti-fragmentation afin d’éviter que le coût de la dette des pays les plus fragiles, et en particulier celui de l’Italie, ne s’envole. Dans ce contexte, les dettes souveraines ont connu une remontée historique, le 10 ans américain passant de 1,5% à 3,5% en moins de 6 mois !
Avec des conditions de financement dégradées, une baisse de l’effet richesse liée à la correction des marchés, et des difficultés d’approvisionnements de l’énergie en particulier en Allemagne, les craintes de récession s’accentuent. La consommation des ménages en Europe et aux États-Unis a commencé à faiblir, ainsi que les indicateurs avancés tant services que manufacturiers. Après un recul du PIB américain de 1,6% au 1er trimestre, l’entrée en récession des États-Unis est quasiment acquise. Il reste à déterminer sa durée et son ampleur. En Europe, l’Allemagne, passée en phase 2 de son plan d’urgence énergétique, est à surveiller de près. Son groupe spécialisé Uniper, qui n’a reçu de Gaz-prom que 40% de ses commandes de gaz, a dû s’approvisionner sur le marché à des prix élevés et connaît désormais une crise de liquidités. Si les approvisionnements gaziers en provenance de Russie venaient encore à diminuer, l’industrie
allemande pourrait être contrainte l’hiver prochain.
Notre stratégie, qui consiste à privilégier les valeurs de qualité et de croissance, très « attaquée » en début d’année par la remontée des taux, retrouve toute sa pertinence dans un contexte récessionniste. La politique monétaire actuellement mise en place devrait calmer l’inflation et, logiquement, la hausse des taux longs. Sur les actions, nous restons toujours à l’écart des valeurs bancaires, concentrant trop de risques, des industrielles plus fragiles en cas de crise énergétique, et continuons à privilégier la santé, la digitalisation et le luxe qui devrait redémarrer avec la réouverture de la Chine. Nous avons renforcé nos positions dans le secteur de l’énergie et notre exposition à la Chine qui, à court terme, constitue un bon point d’entrée. Sur l’obligataire, la remontée des rendements offre dorénavant des opportunités sur des papiers de qualité, des dettes d’entreprises bien notées ou encore des emprunts souverains.
Rédigé le 18 juillet 2022