Baisse de la croissance et hausse des taux, une équattion complexe
Cogefi Gestion
La lettre du mois - avril 2022
La volatilité que nous attendions en 2022 va bien au-delà de nos anticipations. Le conflit russo-ukrainien et la reprise du Covid en Chine intensifient en effet les risques déjà identifiés. La croissance se trouve ainsi impactée, principalement en Europe où le risque de récession n’est plus à écarter, et l’inflation renforcée. Si les marchés ont montré une certaine complaisance à court terme, la trajectoire ne va pas être linéaire et nécessite à nouveau flexibilité et stock-picking.
L’impact du conflit en Ukraine sur la croissance va bien au-delà du poids de 2% représenté par ces deux pays dans l’économie mondiale. Alors que des pénuries préexistaient, les sociétés doivent dorénavant faire face au choc énergétique, à de nouvelles ruptures d’approvisionnement de matières premières industrielles ou agricoles, et à l’aggravation des désorganisations logistiques. Premiers touchés, les industriels les plus cycliques ont d’ores et déjà revu en baisse leurs anticipations de résultats. Les acteurs liés à l’agro-alimentaire et à la consommation de masse sont également sous tension avec la baisse de pouvoir d’achat comme l’illustrent les avertissements sur résultat du géant de la distribution Tesco ou de la restauration collective Sodexo. Il est probable que la saison des trimestriels soit l’occasion pour beaucoup d’afficher plus de prudence.
Dans ce contexte, l’inflation en mars a respectivement bondi à 8,5% aux États-Unis et 7,5% en zone Euro, un pic étant probable à mi-année. Loin de ses objectifs de 2%, la Banque centrale américaine, qui a raffermi son discours et remonté ses taux directeurs de 0,25% en mars, procédera à de nouvelles hausses dans les prochains mois et réduira la taille de son bilan. Les taux souverains ont ainsi connu une remontée historique sur le trimestre, le 10 ans passant de 1,5% à 2,7% aux états-Unis, et de 0,2% à 1,25% en France.
Si les dernières crises économiques ont rimé avec politiques monétaires accommodantes, la donne semble bien différente cette fois et l’équation difficile à résoudre. Les marchés qui ont montré une certaine complaisance jusqu’ici (portés par une croissance américaine solide, un taux de chômage bas à 3,6% et de nouvelles mesures accommodantes en Chine) sont dorénavant plus volatils et imposent d’être très sélectifs.
Notre stratégie a consisté jusqu’ici à réduire notre exposition aux actifs risqués, en allégeant surtout les valeurs industrielles impactées par la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières. Nous avons gardé, voire renforcé, nos positions fétiches sur les valeurs de qualité dont la valorisation nous semblait plus attractive après leur recul du début d’année dû à la rotation sectorielle. Ces entreprises, pour la plupart bien positionnées aux états-Unis, bénéficient de la résilience de la zone et de la progression du dollar, et peuvent répercuter les hausses de coûts aux clients.
Ainsi, les secteurs du luxe, de la santé et ceux liés à la digitalisation ont été privilégiés dans nos choix d’investissement. Nous avons également introduit quelques positions dans le domaine de l’énergie, qui bénéficie des bouleversements d’approvisionnements en cours, et renforcé notre exposition sur les États-Unis dans notre fonds flexible Cogefi Flex Dynamic, ou à travers l’introduction d’un fonds dédié à cette zone. Sur l’obligataire, des stratégies de couverture ont été mises en place pour contrer la hausse des taux.
Rédigé le 14 avril 2022